On ne pourra pas dire que je ne l'ai pas attendu, celui-là. Après un EP (Chasm) de deux très bons titres, et une signature chez Season Of Mist, Nightmarer, qui compte dans ses rangs Simon Hawemann et Paul Seidel, deux membres des regrettés War From A Harlots Mouth, balance enfin son premier full-length, promettant de répandre désolation et désespoir avec son death metal dissonnant.
Car on a ici affaire à un album-concept, qui raconte la plongée d'un homme dans la dépression, la paranoïa et l'auto-destruction jusqu'à ce que toute vie l'ait fui. Joyeux programme.
Dès la
bien-nommée introduction instrumentale 'The Descent', le ton est
donné : batterie massive et écrasante et couches de guitares
dissonnantes qui encerclent l'auditeur dans des nappes de brouillard
acide, on est bien partis pour une descente aux enfers malgré un son
très clair et moderne. Ajoutez au reste de l'album une voix death à
souhait, monocorde mais bien gutturale et puissante, et vous obtenez
un cocktail très prometteur, qui ne demande qu'à bien tenir sur la
durée.
Et au fur et à mesure des pistes, Nightmarer se montre
très efficace, tous muscles dehors en permanence ou presque, ne
calmant le jeu que pour de très courts interludes qui renforcent son
ambiance sombre et écrasante, comme le passage central de
'Stahlwald' ou l'introduction de 'Death', tout droit sortis d'un film
d'horreur. Le reste du temps, on alterne entre lente et écrasante
lourdeur et blasts apocalyptiques, l'un après l'autre au fil des
chansons. Le maître mot ici, le fil conducteur, est le slogan du
groupe : "Total Dissonance Worship". Pas un seul riff n'use
pas de cette recette, pas une seule mesure n'y échappe : tout est
dissonnant, à fond, tout le temps. Le nom brûle les lèvres à tout
le monde, il est inévitable, on pense beaucoup à Deathspell Omega
(d'ailleurs le groupe favori du principal compositeur), en se prenant
en pleine face ces couches et surcouches de riffs tordus sur fond de
blasts. La formule du célèbre groupe français a été usée
jusqu'à la moelle, on aime ou on n'aime pas, moi je ne boude pas mon
plaisir, et je me surprends à chaque écoute de l'album en train de
secouer la tête en rythme, les yeux fermés, en me laissant marteler
encore et encore. Raaahh.
Seulement, voilà : qui dit lourdeur et blasts non-stop dit aussi monotonie. Et l'album, à vouloir à tout prix être aussi monolithique et in-your-face, se révèle à la longue un peu uniforme, la plupart des titres peinant à se différencier, et les riffs dissonnants se noyant les uns dans les autres sans jamais vraiment réussir à marquer l'oreille. Le son y est également pour beaucoup : les guitares sont dantesques, la batterie est ultra-triggée... le tout est en fait un peu propret pour être vraiment terrifiant. Malgré tout, certains riffs sont vraiment destructeurs ('Stahlwald' à 00:35, raaahh bis) et certaines chansons, comme 'Skinner', 'Cave Digger' ou 'Death' (si il y en a une qui arrive à être vraiment flippante, c'est bien celle-là) sont de vraies petites perles de désolation.
Au
final, ce premier album me laisse, et c'est rare, à la fois
satisfait et mitigé. Satisfait parce qu'il est, comme promis,
ravageur et massif, et mitigé parce qu'il n'est pas pour autant le
concentré de terreur que j'en attendais. Cacophony, oui, Terror...
pas autant que prévu. Je continue toutefois à l'écouter avec
autant de plaisir, ce qui est toujours bon signe.
Les amateurs
de vinyles, eux, n'ont pas à redouter la déception : le guitariste
et compositeur Simon Hawemann étant grand collectionneur, l'album
sort en plusieurs variantes, toutes limitées. Un peu plus de travail
sur la forme que sur le fond, c'est peut-être justement ce qu'il y
aurait à reprocher à Cacophony Of Terror. Qui est quand même
très bien. (Mitigé, je vous ai dit !)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire