Par cette chaleur, tu es probablement en train de te chercher un petit coin d'ombre. Mais que dirais-tu d'un vent glacial, d'un blizzard à t'en faire péter les gencives ?
Wildspeaker
est là, en provenance du Texas (marrant pour un groupe aussi froid),
prêt à délivrer sa mixture black/crust plus efficace que jamais.
Là où Survey The Wreckage
péchait par quelques moments creux et un manque de diversité,
Spreading Adder vient
prouver que le combo a potassé sa recette, et sans faire semblant.
Après la terne et pâle – et ce sont des compliments –
introduction 'Apparent Death', le titre éponyme vient tout renverser
sur son passage, franchement punk, toutes dents dehors, avec un riff
simple mais balourd à souhait qui rappelle que lourdeur ne rime pas
forcément avec lenteur. Et des comme ça, les texans en ont plein
leur gamelle, entre je-m'en-foutisme destroy et metal bien léché.
Ecoutez donc 'Petrified Forest'. On hésite entre frapper sur la télé
avec la lampe la plus proche et headbanger avec soin, et finalement
on fait les deux en même temps en poussant des grognements primaux
dans la bonne humeur.
Mais
ce serait oublier que chez Wildspeaker, quand "crust" est
mentionné, "blackened" n'est jamais loin. On le sent
pointer dans les petits passages blasts saupoudrés de mélodies
aigües de 'Spreading Adder', mais il faut attendre les titres
suivants pour réaliser que les orteils, puis les jambes entières du
groupe sont trempées dans la mare black sans rechigner, ajoutant
noirceur et sens de l'épique à la puissance de feu de l'album. La
formule n'est pas novatrice (on pense beaucoup à Young And In The
Way, un peu à Iskra sans le grind), mais elle fonctionne. A fond.
A
noter aussi quelques ralentissements bien sentis parsemés çà et là
sur le disque, sur la fin de 'Cinders' ou celle de 'Ecdysis' par
exemple, qui n'hésitent pas à traîner en longueur sans pour autant
devenir gavants, et aident à poser bien solidement l'ambiance.
Ambiance grelottante et squelettique de grotte humide, mais ambiance
tout de même. Mention spéciale à 'One Sinking Stone', morceau evil
à souhait qui matraque autant qu'il plombe.
Porté par des nappes de guitares épaisses et vrombissantes, une batterie organique au son très naturel (j'ai vraiment l'impression de parler de yaourt) et une basse grasse à souhait, l'album jongle entre ces différentes formules, pour un ensemble très homogène, complétement décapé, plongé dans un noir d'encre. La voix de Natalie Kahan est un petit plus, peut-être un poil monochrome mais très convaincante, décharnée juste comme il faut l'être quand on hurle le déclin de l'humanité.
Un disque efficace donc, qui ne cherche pas à réinventer une roue déjà inventée mille fois et évite ainsi de tomber dans l'exercice de style ou la prétention. Wildspeaker est sincère et brut de décoffrage, et c'est déjà beaucoup. A écouter un soir de pleine lune, quand le découragement flirte avec la bestialité.
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