vendredi 24 février 2017

Fange | Purge

           
          Les premiers termes qui me viennent à l'esprit ici sont "gras dégoulinant", mais ce n'est pas franchement raisonnable, ni très classieux (bien que la classe soit dans le contexte d'un tel disque un concept très relatif), donc essayons de développer un peu.
           On sent, dès les premières notes de guitare – si on peut appeler cet amas de cordes rouillées et torturées une guitare – que tout va être poisseux et traînant, comme on sent parfois en posant un pied hors du lit que la journée va être longue et grisâtre. Et ça l'est, même dans ses accélérations les plus haineuses, Fange dégouline, aussi pachydermique que malsain. La performance vocale du patron de Throatruiner (oui messieurs) est à saluer aussi, dans le sens où on a plus l'impression d'entendre un grincement de dents mêlé à une scie à os en plein ouvrage qu'une voix. Les textes sont évidemment inaudibles mais valent le coup d'oeil aussi, au passage. Rajoutez une production délicieusement oppressante et étouffante, et vous obtenez une des grandes dérouillées de l'année 2016.
 
          A l'image de sa pochette et de son titre, Purge est une véritable baignade dans un bain de sang et de tripes, dont on ressort avec soulagement en remplissant ses poumons d'air. Plus sludge que sludge.

 

Suicide Silence | Suicide Silence

           
          Oh, ils auront essayé, hein. On sentait que la formule commençait à tourner un peu en rond malgré un You Can't Stop Me pas si mal. Mais ne valait-il pas mieux tourner en rond ?
           Avoir envie de se renouveller, c'est bien, mais Suicide Silence en avait-il vraiment l'envie, à les entendre tant se forcer on se le demande. Forcé est le maître mot ici, les mélodies sont forcées, le chant (pas mauvais pourtant) est forcé, les cris d'Eddie, qui sonnaient parfaitement aisés et en place auparavant, sont forcés... On sent qu'on essaye de nous imposer des ambiances, des impressions, seulement on ne sait pas vraiment lesquelles. Repartir à zéro, c'est chouette, mais dans ce cas autant prendre le parti de le faire complétement, faire table rase, prendre un autre nom, et laisser l'héritage de Mitch Lucker tranquille au lieu de lui faire faire du 15000 tours/minute dans sa tombe.
           Je n'ai rien contre Korn. Seulement, quand j'ai envie (rarement) d'écouter du Korn, eh bien j'écoute Korn.