vendredi 29 janvier 2016

Deez Nuts | Word Is Bond

                Parce que parfois, il est bon pendant 35 minutes de se prendre pour un gangster américain, un vrai, un dur, un tatoué, le combo chemise à carreaux-treillis avec une larme encrée sur la joue. On hésite entre bandana, casquette et capuche, finalement on met les trois et on va joyeusement défendre les valeurs honneur-famille-copains en buvant des coups dans la rue. Surtout sur ‘What’s Good’ avec son accélération et son beatdown final. Pas novateur, mais rafraîchissant.

jeudi 28 janvier 2016

Young And In The Way | When Life Comes To Death

                Le bon vieux Wikipedia me dit que la Caroline du Nord se trouve sur la côte est des Etats-Unis, qu’il y fait entre 11 et 14 degrés en hiver et qu’il n’y tombe jamais plus de 2,5 cm de neige par an, quand il en tombe. Marrant. En écoutant Young And In The Way j’aurais dit que ça se trouvait au fin fond de la Sibérie, qu’on s’y tapait 2 mètres de neige par mois et que les gens y vivaient dans des genres de grottes plus ou moins salubres. Mais passons.
                En tout cas on la sent la cave bien humide, dès que cette voix éraillée et haineuse à souhait nous braille le titre de l’album et que le glorieusement hardcore riff d’intro de ‘Betrayed By Light’ nous claque aux oreilles, on respire de la mousse par le nez et un goût de rouille envahit la bouche. Et quand la chanson devient un râle de black metal traînant puis des accords de piano (oui oui) pour finir en beauté, on attend la suite avec impatience. Et elle ne se fait pas prier.
                On passe le reste de l’album à se faire balloter entre blasts cradingues (‘Fuck This Life’) et énergie crust-punk à souhait (‘Be My Blood’). Le black ça m’a jamais fait secouer la tête personnellement, mais pour une fois je me démets des vertèbres avec joie. YAITW mélangent les genres et ils savent ce qu’ils font. Le rythme se ralentit parfois, histoire de savoir se montrer bien lourd (‘We Are Nothing’). Les passages plus acoustiques et ambiants de ‘Take My Hand’ et ‘Shadow Of Murder’ peuvent paraître moins convaincants aux premières écoutes mais se révèlent finalement être de bons interludes, dans le genre blizzard-d’hiver-qui-te-gerce-les-lèvres-jusqu’aux-dents. ‘Embrace Extinction’ ne semble pas vraiment avoir pour but de clore le disque mais plutôt d’achever l’auditeur d’épuisement. Autant s’assurer que la bête est morte.
                Young And In The Way, c’est ça : quatre cinglés torse nu, le visage couvert de peinture blanche, qui te pourchassent avec des lances en poussant des grognements de bêtes. Et tu peux courir aussi vite qu’on le peut quand on a de la neige jusqu’à la taille, ils finiront par te choper.

lundi 25 janvier 2016

Cult Leader | Lightless Walk

         Gaza est regretté. Gaza était grand, Gaza était glorieux. Gaza laisse une trace indélébile, grasse, cinglante, imprimée au fer à souder dans l’histoire de la musique enragée et chaotique. Gaza est mort, et Cult Leader a jailli de ses cendres tel un phénix boiteux, désabusé, aux ailes en lambeaux, mais ô combien flamboyant.
                Lightless Walk, le premier album de Cult Leader, succède à un premier EP (Nothing For Us Here, aux allures de premiers pas déjà bien ancrés dans la boue), et à une démo de 3 titres (Useless Animal, encore plus convaincante avec sa mélancolique reprise de ‘You Are Not My Blood’). Dès les quatre menaçants coups d’envoi de ‘Great I Am’, Cult Leader montre les dents et s’empare de la nuque de l’auditeur pour ne plus lâcher prise durant les 36 et quelques minutes de l’album. Comment résister aux rouleaux compresseurs que sont des morceaux comme ‘The Sorrower’ ou ‘Suffer Louder’ ? Alors qu’Anthony Lucero se désigne comme « The bastard son of stress » à s’en déchirer la gorge, on se retrouve à frapper sa cage thoracique de son poing et à taper du pied à en percer le béton. Bien sûr, les mâchoires de la bête se desserreront par courts intervalles, mais uniquement pour broyer de plus belle (voir l’interlude de Sympathetic). Ou pour laisser le temps aux nerfs de transmettre la douleur au cerveau.
                Car Lightless Walk n’est pas qu’une machine de destruction, malgré les muscles apparents. Lightless Walk est un exutoire où tout n’est qu’émotion à fleur de peau. Et des titres tels que ‘A Good Life’, et le duo ‘How Deep It Runs’ et ‘Lightless Walk’ prouvent que la rage et les hurlements rauques et habités du chanteur sont loin d’être sa seule qualité. Ses textes frappants et désespérés sont aussi puissants lorsqu’il les crache que lorsqu’il les laisse couler sur son menton, révélant une voix caverneuse et chargée d’espoirs morts et enterrés. Lightless Walk est un cri adressé à la dépression, il l’embrasse et la réduit à l’état de pulpe sanglante tour à tour.
                Un chef-d’œuvre, parfaitement mis en images par l’art torturé de Lucero. Un album éprouvant, épuisant, mais addictif comme peu dans ce style de musique. Chaque riff remue un peu plus le couteau dans la plaie, chaque coup sur la batterie enfonce un peu plus la boîte crânienne, mais lorsque les dernières notes retentissent, on hurle comme à la fin de ‘Broken Blades’ : « Is this all I get ? I want more. »