En fait, ce disque n'est ni plus ni moins
qu'une errance dans le Wasteland, une balade hallucinée et faussement
trébuchante sur une Terre atomisée et désertée de toute vie.
Oui, faussement trébuchante, parce qu'après tout, une énorme partie de
Gaza doit sa magnificence à ce batteur constamment sur la brèche,
paraissant toujours prêt à taper à côté alors que plus solide, y a pas
(ou en tout cas y a peu), et dont le boulot tout en décalage soutient
paradoxalement toute la baraque. Mike Mason peut mathiser, déconstruire,
diviser les mesures et le tempo autant qu'il voudra, il retombera
toujours sur la béquille d'apparence branlante mais renforcée au béton
de son frappeur. Il y avait chez Gaza comme chez personne l'abandon total, la perte de tout espoir et surtout de la volonté de se battre, il ne restait rien d'autre que cette errance sans fin, sans issue aucune, rien d'autre que le néant au bout du chemin. S'il a un bout.