mardi 10 octobre 2017

Cowards | Still

          
          Parler de Cowards sans mentionner le gros K, c'est un exercice auquel tout le monde s'essaye, donc je m'y colle comme tout le monde.
          Du coup, à la place on mentionnera Noé (oui, je triche : ça revient plus ou moins au même), pour l'honnêteté crue, la viande à nu, et les interminables errances dans les rues de nuit (parisiennes, les rues, si possible). Tout ceci en pensant bien évidemment à la corde qu'on accrocherait bien à la poutre là-haut, à ce petit parapet dont on se jetterait bien un de ces jours, ou au calibre qu'on se glisserait bien dans la bouche et dans lequel il reste une balle, les deux autres ayant été utilisées pour abréger la dure vie qui attendait notre fille.
          'Paris Most Nothing', oui. Cowards ne se résume à rien, ne s'apparente à rien, n'aspire à rien : on l'avait senti venir sur Rise To Infamy, à ce stade, Cowards n'est plus qu'une pulsion irréfrénable qui oscille entre meurtre brutal et suicide halluciné. A force de vouloir s'élever jusqu'à l'infamie, on finit par y arriver, la tête la première et les mains dans les poches comme sur la pochette, dans l'indifférence la plus totale malgré tout le bruit qu'on puisse faire.
          Et du bruit, ils en font les gaillards, leur hardcore urbain jouant plus que jamais sur son tranchant black, quitte à appeler les copains - Matthias Jungbluth est sur 'Like Us' plus âpre et sournois que jamais.
          Quand aux deux reprises qui clôturent cet EP court comme un coup de surin, dire d'elles qu'elles justifient le concept même de reprise leur fait à peine honneur. 'Every Breath You Take' ne sera plus jamais entendue de la même façon, maintenant qu'on sait que l'amour dont elle parle vient d'un stalker malsain qui se balance d'avant en arrière, le plic-ploc des gouttes du robinet fuyant lui rappelant que le visage de sa bien-aimée (qu'il vient de taillader en long, en large et en travers) ne sera jamais vraiment à lui. Et pour celle de The Horrorist - est-il vraiment utile de préciser qu'elle défonce ? Pas de manière frontale, évidemment, Cowards sont bien trop malins (et vicieux, oui) pour ça, mais par-derrière, par en-dessous, par où vous voulez, entre sa batterie diaboliquement dansante, sa basse à la limite du prolapsus et sa guitare qui s'infiltre dans vos oreilles comme une colonie de cafards, elle sape vos forces, vous fait sombrer dans une délicieuse inquiétude, en bref, de toute sa saleté infectieuse, elle est réussie.

          Prêts à s'écraser au sol sans avoir pris le temps de voler et d'ailleurs sans jamais en avoir eu l'envie (le caniveau leur semblant apparemment bien plus attirant que le ciel), Cowards se flétrissent avec le temps, se décomposent sur pied, sombrent dans une folie où dangereux et délicieux n'ont jamais aussi bien rimé : ils se bonifient de sortie en sortie.

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