Nails | Abandon All Life
Un album de Nails sera toujours un album de
Nails : délicieusement bestial, rapide et lourd comme un train en pleine
face, incisif comme un coup de hache en travers de ladite face, et
aussi cruellement qu'heureusement court. Mais si j'ai longtemps
considéré que You Will Never Be One Of Us était leur meilleur
(notamment parce que c'est le dernier en date, erreur de bleusaille que
je commets couramment), celui-ci remonte le (court) classement à chaque
écoute, et il va bien falloir l'admettre à un moment ou à un autre : je
m'étions gouré.
Parce que si l'accent thrashy de YWNBOOU semble faire monter Nails d'un cran dans la brutalité, Abandon All Life
explose en fait ce seuil à l'aide d'un élément aussi évident que
difficile à manier : la simplicité. Sans fioritures (oui, j'utilise
"fioritures" en parlant de Nails) ni aucune autre influence que son
grind débridé et son hardcore aussi crusty que pachydermique, ce disque
n'est rien d'autre qu'un coup de patte de grizzly en pleine tronche, une
fulgurante décharge de violence haineuse d'un rouge aussi vif que sa
pochette.
La production joue, évidemment - la
guitare et la basse sont d'un massif à te faire bourdonner les oreilles
pendant 6 mois, et la batterie donne l'impression de saturer tant Taylor
Young la martèle de tout son poids. Todd Jones, fidèle à lui-même,
s'arrache les cordes vocales à pleines dents, crachant son fiel sur la
société, les posers, les traîtres et les autres, menaçant de cogner tout
le monde si on le fait chier. Hardcore, on t'a dit. D'ailleurs, mea culpa
bis : j'ai dit que sa voix avait gagné en puissance en devenant plus
profonde, elle était en fait déjà vicieusement perçante, ce qui est au
moins tout aussi bon.
La machine à café t'a explosé
à la gueule ? T'as passé une journée pourrave au boulot ? T'as été
coincé deux heures dans les bouchons ? T'as plus de bière au frigo ?
Voilà l'antidote à tout ce qui peut t'arriver de merdique.
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