mardi 17 octobre 2017

Nails | Abandon All Life

          
          Un album de Nails sera toujours un album de Nails : délicieusement bestial, rapide et lourd comme un train en pleine face, incisif comme un coup de hache en travers de ladite face, et aussi cruellement qu'heureusement court. Mais si j'ai longtemps considéré que You Will Never Be One Of Us était leur meilleur (notamment parce que c'est le dernier en date, erreur de bleusaille que je commets couramment), celui-ci remonte le (court) classement à chaque écoute, et il va bien falloir l'admettre à un moment ou à un autre : je m'étions gouré.
          Parce que si l'accent thrashy de YWNBOOU semble faire monter Nails d'un cran dans la brutalité, Abandon All Life explose en fait ce seuil à l'aide d'un élément aussi évident que difficile à manier : la simplicité. Sans fioritures (oui, j'utilise "fioritures" en parlant de Nails) ni aucune autre influence que son grind débridé et son hardcore aussi crusty que pachydermique, ce disque n'est rien d'autre qu'un coup de patte de grizzly en pleine tronche, une fulgurante décharge de violence haineuse d'un rouge aussi vif que sa pochette.
          La production joue, évidemment - la guitare et la basse sont d'un massif à te faire bourdonner les oreilles pendant 6 mois, et la batterie donne l'impression de saturer tant Taylor Young la martèle de tout son poids. Todd Jones, fidèle à lui-même, s'arrache les cordes vocales à pleines dents, crachant son fiel sur la société, les posers, les traîtres et les autres, menaçant de cogner tout le monde si on le fait chier. Hardcore, on t'a dit. D'ailleurs, mea culpa bis : j'ai dit que sa voix avait gagné en puissance en devenant plus profonde, elle était en fait déjà vicieusement perçante, ce qui est au moins tout aussi bon.
          La machine à café t'a explosé à la gueule ? T'as passé une journée pourrave au boulot ? T'as été coincé deux heures dans les bouchons ? T'as plus de bière au frigo ? Voilà l'antidote à tout ce qui peut t'arriver de merdique. 

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