lundi 25 janvier 2016

Cult Leader | Lightless Walk

         Gaza est regretté. Gaza était grand, Gaza était glorieux. Gaza laisse une trace indélébile, grasse, cinglante, imprimée au fer à souder dans l’histoire de la musique enragée et chaotique. Gaza est mort, et Cult Leader a jailli de ses cendres tel un phénix boiteux, désabusé, aux ailes en lambeaux, mais ô combien flamboyant.
                Lightless Walk, le premier album de Cult Leader, succède à un premier EP (Nothing For Us Here, aux allures de premiers pas déjà bien ancrés dans la boue), et à une démo de 3 titres (Useless Animal, encore plus convaincante avec sa mélancolique reprise de ‘You Are Not My Blood’). Dès les quatre menaçants coups d’envoi de ‘Great I Am’, Cult Leader montre les dents et s’empare de la nuque de l’auditeur pour ne plus lâcher prise durant les 36 et quelques minutes de l’album. Comment résister aux rouleaux compresseurs que sont des morceaux comme ‘The Sorrower’ ou ‘Suffer Louder’ ? Alors qu’Anthony Lucero se désigne comme « The bastard son of stress » à s’en déchirer la gorge, on se retrouve à frapper sa cage thoracique de son poing et à taper du pied à en percer le béton. Bien sûr, les mâchoires de la bête se desserreront par courts intervalles, mais uniquement pour broyer de plus belle (voir l’interlude de Sympathetic). Ou pour laisser le temps aux nerfs de transmettre la douleur au cerveau.
                Car Lightless Walk n’est pas qu’une machine de destruction, malgré les muscles apparents. Lightless Walk est un exutoire où tout n’est qu’émotion à fleur de peau. Et des titres tels que ‘A Good Life’, et le duo ‘How Deep It Runs’ et ‘Lightless Walk’ prouvent que la rage et les hurlements rauques et habités du chanteur sont loin d’être sa seule qualité. Ses textes frappants et désespérés sont aussi puissants lorsqu’il les crache que lorsqu’il les laisse couler sur son menton, révélant une voix caverneuse et chargée d’espoirs morts et enterrés. Lightless Walk est un cri adressé à la dépression, il l’embrasse et la réduit à l’état de pulpe sanglante tour à tour.
                Un chef-d’œuvre, parfaitement mis en images par l’art torturé de Lucero. Un album éprouvant, épuisant, mais addictif comme peu dans ce style de musique. Chaque riff remue un peu plus le couteau dans la plaie, chaque coup sur la batterie enfonce un peu plus la boîte crânienne, mais lorsque les dernières notes retentissent, on hurle comme à la fin de ‘Broken Blades’ : « Is this all I get ? I want more. »         

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