mercredi 28 décembre 2022

Dark Habits | Cave Paintings


Décidément, l'Angleterre a son mot à dire dans la violence crue ces derniers temps. Après Helpless qui ont entaché la scène hardcore chaotique avec leur album Debt, au tour de Dark Habits de faire parler d'eux avec leur EP appelé Cave Paintings, sorti seulement cinq mois après la formation du groupe en janvier. Pas le temps de niaiser.

Cette très courte mise en bouche a eu un bon accueil, et elle ne l'a pas volé : les titres sont convaincants, cohérents, et très solides. Cave Paintings s'inscrit dans un courant plus qu'à la mode avec un mélange hardcore-crust-noise-grind-blackened-de-la-mort, mais arrive à tirer son épingle du jeu, par son exécution solide, et surtout par son côté chaotique et toujours dans l'urgence. On passe du grind enragé au hardcore massif avant d'avoir eu le temps de dire "grumpf", le tout entrecoupé de blasts très empruntés au black, et avec un sens du riffing assez simpliste mais franchement efficace. Le hurleur aussi est pour beaucoup dans l'aura frénétique de l'ensemble, avec une voix très saturée à mi-chemin entre Jacob Bannon et Todd Jones. A noter, le titre noise très réussi, qui rappellerait presque les ignobles fumées toxiques d'un certain Some Day You Will Ache Like I Ache. Presque. Dommage qu'on n'ait pas eu droit à une deuxième piste de cette trempe, au lieu de 'Pity', sans grand intérêt, et vraiment dispensable sur un format si court.

Alors oui, on a l'impression de se faire enchaîner entre les diverses influences, entre le breakdown très hardcore qui arrive poings serrés dans ta face, le crust qui te bourre les côtes, le grind qui te lamine le dos à grands coups de canif, la noise qui s'abat sur toi comme un nuage de pollution et les petites dissonnances par-ci par-là qui te font avaler la pilule, mais cet amas compact présente deux petits défauts. Le premier étant que cet EP fait du coup un peu démonstration de force, comme si Dark Habits avaient absolument voulu prouver qu'ils savaient faire tout ça. On le sait très bien, un premier EP est l'occasion de faire causer de soi, il faut convaincre son monde, mais il y a une différence entre se faire marteler de brutalité et se faire gaver comme une oie, et Cave Paintings penche un chouïa trop du côté de la deuxième option. Et pour ce qui est de l'autre défaut, eh bien, dans "amas d'influences", il y a "influences" – et celles-ci sont trop proéminentes chez Dark Habits. Le grind sonne très Full Of Hell, le hardcore sonne très Nails, le titre noise sonne vraiment très Full Of Hell / The Body... On met le doigt dessus en une fraction de seconde, ce qui efface un peu l'identité que le groupe se construit tant bien que mal. A voir si ces influences se confondent mieux dans l'ensemble sur un premier full-length, qui ne devrait pas apparemment tarder, et si l'effet gavage d'oie s'amenuise par la même occasion.

Malgré ces reproches, Dark Habits arrive à convaincre avec ce Cave Paintings écrit en très peu de temps, et s'inscrit directement sur la liste des groupes à se garder dans un coin de la tête si vous aimez votre musique punitive et sans relâche. Affaire à suivre.

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