mercredi 28 décembre 2022

Vein | Errorzone


Décidément, 2018 est une année qui a fait du bien au hardcore. Après l’excellent Only Self de Jesus Piece qui remettait les choses en place au niveau lourdeur, il est plus que temps de causer du monstre lâché par Vein, Errorzone, qui pour sa part vient donner une bonne leçon de chaos et de new-old-school à tout le monde.

Le jeune groupe, formé à Boston en 2013, balance un hardcore ultraviolent, sans répit ou presque, d’une façon méthodique, précise, glaciale, fidèle à la pochette en fait : l’impression de passer au scalpel.
Vein attaquent de front, histoire de faire comprendre dès le début à quoi on a affaire : un coup de boîte à rythmes un peu jungle, et les cervicales commencent directement à travailler entre gros riffs qui ne paraîtraient pas déplacés sur un album de metalcore, batterie complétement frénétique et voix arrachée qui balance ses tripes. On pense, surtout sur les quelques premiers titres, pas mal au premier album de Slipknot avec cette façon de balancer entre riffs bien speed et courtes injections d’électro pour un rendu ultra nerveux. Avec en plus un côté très chaotique, des riffs qui ne traînent jamais plus de quelques mesures, des rythmiques qui se brisent à longueur de temps, de quoi ne pas s’ennuyer et ne jamais laisser l’auditeur s’habituer à quoi que ce soit.

Mais il faut attendre le troisième morceau, ‘Rebirth Protocol’, pour qu’apparaisse ce qui fait de Errorzone un album à part : son ambiance moderne et glaciale, en grande partie grâce à cette guitare torturée, aigüe, lancinante, tranchante, qui se loge dans un coin du cerveau pour ne plus en ressortir. On retrouve cette atmosphère lors de l’interlude ‘Aneshesia’ et sa sirène menaçante, tout au long de ‘Demise Automation’, sur la fin de ‘End Eternal’… Et c’est là que Vein se fait le plus intéressant, avec un côté automatique et robotique dérangeant et d’une froideur écrasante. Les passages mélodiques ne sont pas en trop non plus, apportent un peu de répit et sont même franchement réussis : le chant plaintif de ‘Untitled’ rappelle les Deftones, et la fin de ‘Errorzone’ débarque de nulle part avec une mélodie mélancolique qui trouve pourtant parfaitement sa place grâce à cette guitare qui, décidément, fait une énorme partie de la magie de ce groupe.

Le reste du temps, au programme, c’est hardcore, et pas pour déconner. Les moshparts sont nombreuses et irrésistibles (l’intro de ‘Old Data In A Dead Machine’, la fin de ‘Demise Automation’, celle de ‘End Eternal’), la voix est au poil, aigüe et déchirée à souhait, contrebalancée par moments par les growls du guitariste, et la basse soutient le tout d’un bourdonnement dans la plus pure tradition du style. Mention spéciale à mon moment favori de l’album, celui qui me fait disjoncter à chaque fois et me donne envie de tout casser : le passage central de ‘Doomtech’, avec son riff en palm mute qui fait serrer les dents et le chanteur qui hurle à s’en faire péter les veines (haha) « everytime I close my eyes, I crash a thousand cars and all my loved ones die ». Que du fun.
Mais si c’est la guitare qui donne à Errorzone son ambiance caractéristique, c’est la batterie qui lui donne son énergie. Ce batteur est une vraie bête, qui sait cogner et écraser (cette caisse claire qui se fait éclater, raaahh), s’étaler partout sans en faire trop, mais aussi groover quand il faut : ‘Rebirth Protocol’ et ‘Anesthesia’ en sont les meilleurs exemples.

Vein, c’est la machine de la modernité qui s’emballe, l’ère du numérique qui nous dépasse, c’est Skynet qui vient nous éliminer un par un. C’est un groupe qui vient donner un grand air de fraîcheur dans le hardcore tout en rappelant à tout le monde ce qu’on a aimé dans le néo-métal. Que demander de plus ?

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