mercredi 28 décembre 2022

Nightmarer | Cacophony Of Terror


On ne pourra pas dire que je ne l'ai pas attendu, celui-là. Après un EP (Chasm) de deux très bons titres, et une signature chez Season Of Mist, Nightmarer, qui compte dans ses rangs Simon Hawemann et Paul Seidel, deux membres des regrettés War From A Harlots Mouth, balance enfin son premier full-length, promettant de répandre désolation et désespoir avec son death metal dissonnant.
Car on a ici affaire à un album-concept, qui raconte la plongée d'un homme dans la dépression, la paranoïa et l'auto-destruction jusqu'à ce que toute vie l'ait fui. Joyeux programme.

Dès la bien-nommée introduction instrumentale 'The Descent', le ton est donné : batterie massive et écrasante et couches de guitares dissonnantes qui encerclent l'auditeur dans des nappes de brouillard acide, on est bien partis pour une descente aux enfers malgré un son très clair et moderne. Ajoutez au reste de l'album une voix death à souhait, monocorde mais bien gutturale et puissante, et vous obtenez un cocktail très prometteur, qui ne demande qu'à bien tenir sur la durée.
Et au fur et à mesure des pistes, Nightmarer se montre très efficace, tous muscles dehors en permanence ou presque, ne calmant le jeu que pour de très courts interludes qui renforcent son ambiance sombre et écrasante, comme le passage central de 'Stahlwald' ou l'introduction de 'Death', tout droit sortis d'un film d'horreur. Le reste du temps, on alterne entre lente et écrasante lourdeur et blasts apocalyptiques, l'un après l'autre au fil des chansons. Le maître mot ici, le fil conducteur, est le slogan du groupe : "Total Dissonance Worship". Pas un seul riff n'use pas de cette recette, pas une seule mesure n'y échappe : tout est dissonnant, à fond, tout le temps. Le nom brûle les lèvres à tout le monde, il est inévitable, on pense beaucoup à Deathspell Omega (d'ailleurs le groupe favori du principal compositeur), en se prenant en pleine face ces couches et surcouches de riffs tordus sur fond de blasts. La formule du célèbre groupe français a été usée jusqu'à la moelle, on aime ou on n'aime pas, moi je ne boude pas mon plaisir, et je me surprends à chaque écoute de l'album en train de secouer la tête en rythme, les yeux fermés, en me laissant marteler encore et encore. Raaahh.

Seulement, voilà : qui dit lourdeur et blasts non-stop dit aussi monotonie. Et l'album, à vouloir à tout prix être aussi monolithique et in-your-face, se révèle à la longue un peu uniforme, la plupart des titres peinant à se différencier, et les riffs dissonnants se noyant les uns dans les autres sans jamais vraiment réussir à marquer l'oreille. Le son y est également pour beaucoup : les guitares sont dantesques, la batterie est ultra-triggée... le tout est en fait un peu propret pour être vraiment terrifiant. Malgré tout, certains riffs sont vraiment destructeurs ('Stahlwald' à 00:35, raaahh bis) et certaines chansons, comme 'Skinner', 'Cave Digger' ou 'Death' (si il y en a une qui arrive à être vraiment flippante, c'est bien celle-là) sont de vraies petites perles de désolation.

Au final, ce premier album me laisse, et c'est rare, à la fois satisfait et mitigé. Satisfait parce qu'il est, comme promis, ravageur et massif, et mitigé parce qu'il n'est pas pour autant le concentré de terreur que j'en attendais. Cacophony, oui, Terror... pas autant que prévu. Je continue toutefois à l'écouter avec autant de plaisir, ce qui est toujours bon signe.
Les amateurs de vinyles, eux, n'ont pas à redouter la déception : le guitariste et compositeur Simon Hawemann étant grand collectionneur, l'album sort en plusieurs variantes, toutes limitées. Un peu plus de travail sur la forme que sur le fond, c'est peut-être justement ce qu'il y aurait à reprocher à Cacophony Of Terror. Qui est quand même très bien. (Mitigé, je vous ai dit !)

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