On a tous des groupes qu'on a toujours aimé et qu'on aimera toujours entendre. Que ce soit parce qu'on les a écoutés en grandissant, parce qu'ils ont accompagné une période importante, ou parce qu'ils bottent des culs par caisses de dix en live, leur son reste familier et agréable à retrouver.
Whitechapel c'est un peu tout ça chez moi : le combo du Tennessee a formé ma culture du métal, m'a donné la hargne quand j'en avais besoin, et m'a pilonné le crâne en concert.
Alors, après un Our Endless War plus énervé, concis et mieux écrit que jamais, que donne la cuvée 2016 ?
Commençons
par dire l'évident : c'est carré, efficace, la voix est
irréprochable, la batterie en fait des tonnes, bref, c'est
Whitechapel. Mais dès les premières écoutes, difficile de rentrer
dedans, je ne retrouve pas la baffe monstrueuse qu'était l'album
précédent de sa première à sa dernière note. Pourtant, le début
laisse présager de bonnes choses : le duo 'The Void' et 'Mark Of The
Blade' présente une intro bien musclée, prouvant que la simplicité
peut amplifier la puissance, la deuxième faisant figure d'hymne à
la scie circulaire emblématique du groupe. Pourquoi se faire chier à
chanter la beauté de la brume du matin ?
C'est
ensuite, avec 'Elitist Ones', que les choses se gâtent. La basse
massive et la voix graveleuse à souhait de Phil Bozeman ne suffisent
pas à sauver la chanson, et ainsi apparaît le défaut principal de
l'album : la simplification mentionnée plus haut. Exit les chansons
à tiroirs et sans structure définie, allant toujours plus loin dans
la violence. On s'approche souvent du schéma
couplet-refrain-couplet-refrain-pont-refrain, et quand les refrains
sont sans grand intérêt, et répétés trop de fois, les morceaux
peuvent vraiment paraître longs.
On
peut également mentionner la prod, qui elle aussi a pris un coup de
mou : la batterie sonne moins massive (alors que le deathcore est un
des rares styles dans lequel le triggage poussif ne me gêne pas),
les guitares sont un tantinet moins percutantes... Le mur de son
habituel se fissure.
Autre
nouveauté également chez Whitechapel, qui a fait couler pas mal
d'encre : le chant clair. 'Bring Me Home', contre toute attente,
réussit à éviter les clichés et prend la forme d'une chanson
sensible et à fleur de peau. 'Decennium', qui clôture l'album, par
contre...
A
part ça, qu'on se rassure : on a toujours envie de donner des coups
de poings dans les murs, merci la lourdesque fin de 'Tremors', et le
très hardcore passage de basse de 'A Killing Industry'.
Il y a quelques grains de sable dans les rouages, mais ils n'obscurcissent que très peu le plaisir de les retrouver : Whitechapel conservent leur place de maîtres du deathcore. Et pour ceux qui trouveraient vraiment le chant clair imbuvable, dites-vous que ça pourrait sonner comme la dernière chanson de Suicide Silence.
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