mercredi 28 décembre 2022

Wildspeaker | Spreading Adder


Par cette chaleur, tu es probablement en train de te chercher un petit coin d'ombre. Mais que dirais-tu d'un vent glacial, d'un blizzard à t'en faire péter les gencives ?

Wildspeaker est là, en provenance du Texas (marrant pour un groupe aussi froid), prêt à délivrer sa mixture black/crust plus efficace que jamais. Là où Survey The Wreckage péchait par quelques moments creux et un manque de diversité, Spreading Adder vient prouver que le combo a potassé sa recette, et sans faire semblant.
Après la terne et pâle – et ce sont des compliments – introduction 'Apparent Death', le titre éponyme vient tout renverser sur son passage, franchement punk, toutes dents dehors, avec un riff simple mais balourd à souhait qui rappelle que lourdeur ne rime pas forcément avec lenteur. Et des comme ça, les texans en ont plein leur gamelle, entre je-m'en-foutisme destroy et metal bien léché. Ecoutez donc 'Petrified Forest'. On hésite entre frapper sur la télé avec la lampe la plus proche et headbanger avec soin, et finalement on fait les deux en même temps en poussant des grognements primaux dans la bonne humeur.

Mais ce serait oublier que chez Wildspeaker, quand "crust" est mentionné, "blackened" n'est jamais loin. On le sent pointer dans les petits passages blasts saupoudrés de mélodies aigües de 'Spreading Adder', mais il faut attendre les titres suivants pour réaliser que les orteils, puis les jambes entières du groupe sont trempées dans la mare black sans rechigner, ajoutant noirceur et sens de l'épique à la puissance de feu de l'album. La formule n'est pas novatrice (on pense beaucoup à Young And In The Way, un peu à Iskra sans le grind), mais elle fonctionne. A fond.
A noter aussi quelques ralentissements bien sentis parsemés çà et là sur le disque, sur la fin de 'Cinders' ou celle de 'Ecdysis' par exemple, qui n'hésitent pas à traîner en longueur sans pour autant devenir gavants, et aident à poser bien solidement l'ambiance. Ambiance grelottante et squelettique de grotte humide, mais ambiance tout de même. Mention spéciale à 'One Sinking Stone', morceau evil à souhait qui matraque autant qu'il plombe.

Porté par des nappes de guitares épaisses et vrombissantes, une batterie organique au son très naturel (j'ai vraiment l'impression de parler de yaourt) et une basse grasse à souhait, l'album jongle entre ces différentes formules, pour un ensemble très homogène, complétement décapé, plongé dans un noir d'encre. La voix de Natalie Kahan est un petit plus, peut-être un poil monochrome mais très convaincante, décharnée juste comme il faut l'être quand on hurle le déclin de l'humanité.

Un disque efficace donc, qui ne cherche pas à réinventer une roue déjà inventée mille fois et évite ainsi de tomber dans l'exercice de style ou la prétention. Wildspeaker est sincère et brut de décoffrage, et c'est déjà beaucoup. A écouter un soir de pleine lune, quand le découragement flirte avec la bestialité.

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