mercredi 28 décembre 2022

Pogo Car Crash Control | Tête Blême


Des albums profondément ancrés dans Paris, il y en a à la pelle. Parmi les plus marquants de ces derniers temps, on trouve Still de Cowards pour le Paris de Gaspar Noé avec le crack dans le caniveau et le couteau papillon dans la poche, ou encore A Loner de Hangman's Chair pour le Paris triste entre éclairage au néon des arrêts de bus et valises sous les bras ou sous les yeux.
Mais qu'en est-il du Paris des jeunes qui se font chier ? Celui des bouteilles qu'on balance sur les murs des usines, de la colle qu'on sniffe en espérant crever un peu l'ennui, celui des à-peine-adultes et encore trop ados qui n'ont que l'ironie pour tenir le coup ? T'inquiètes papa, P3C arrivent – et ils ont les crocs.

Bon, ils sont arrivés depuis un moment puisque Tête Blême a déjà deux ans, mais je retrouve encore aujourd'hui le même shoot d'adrénaline que lors des premières écoutes. La porte est enfoncée dès 'L'odeur de la mort' et son riff qui donne envie de se jeter la tête la première dans les murs, et des riffs comme ça, il y en a à la pelle, semés sur tout le disque. Le palm mute enragé de 'Miroir', le hardcore tous crocs dehors de 'Ce monde humiliant', la frénésie de 'Pourquoi tu pleures'... C'est une rage juvénile qui porte le disque, adolescente mais totalement décomplexée, jusque dans les paroles qui collent parfaitement à cet esprit.

C'est d'ailleurs les paroles qui apportent ce second degré bienvenu, sans lequel Tête Blême serait sans doute un peu grandiloquent. 'Qu'est-ce qui va pas ?' en est le meilleur exemple, espèce d'hymne complétement barré qui évite avec brio le côté prépubère-qui-chouine et donne juste envie de se laisser porter en brandissant un parpaing. C'est un peu punk, un peu hardcore, vachement grunge, c'est surtout un beau cocktail énergétique qui n'hésite pas à ralentir le tempo pour laisser causer un groove vraiment efficace. Avec une batterie simple mais qui cogne où il faut et une basse qui ronfle à souhait, c'est dur de ne pas se laisser embarquer par la brochette de riffs à la fois gras et nerveux qui nous tombe sur le coin de la tête.

Ils se permettent même en fin de disque une chanson à part, à l'ambiance pesante mais toujours coupée à l'autodérision. 'L'intérieur de ton corps', c'est le titre encore-plus-à-la-Killing-Joke-que-les-autres de Pogo Car Crash Control, qu'ils balancent l'air de rien, un sourire en coin, entre l'hommage et le foutage de gueule, et c'est de loin un des meilleurs de l'album. De vrais sales gosses qui jouent du grunge gratiné au hardcore, mais avec une attitude de millenials des cités, désabusés et goguenards – si Tête Blême est sorti chez Panenka, label sur lequel on a plutôt l'habitude de trouver des Georgio, PLK et autres Therapie Taxi, c'est pas pour rien.

A part quelques titres un peu plus légers que les autres, il n'y a pas grand-chose à jeter sur cet album. Ca part dans tous les sens, ça bastonne non-stop pendant 34 minutes, ça s'assume et ça se fend la gueule tout du long : non, je ne suis pas très objectif au sujet de P3C, mais un disque comme ça, ça s'enfile d'une traite avec un plaisir même pas coupable. Comme le fond de 8,6 qui traînait au fond de ton frigo, entre deux Valium piqués dans la pharmacie de maman.

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